Mais qu’est-ce que ça veut dire, parler comme quelqu’un de Moncton?
Depuis sa petite-enfance en marge d’un quartier défavorisé de Moncton, en passant par ses années d’études en France et son retour en Acadie, la professeure et sociolinguiste Annette Boudreau examine la question suivante : Quel rapport peut-on entretenir avec notre langue quand le doute nous traque?
Sur le mode intimiste du récit, elle cartographie un espace social constamment aux prises avec des jugements portant sur les pratiques langagières qui y ont cours. Jugements qui trop souvent conduisent à un verdict de «mort annoncée», dont elle démasque ici les fausses prémisses. Elle explore les processus qui conduisent à vivre différentes formes d’illégitimité, en mettant l’accent sur l’insécurité linguistique qui peut réduire bien des personnes au silence. Elle examine les sentiments de révolte que lui inspirent aujourd’hui les discours sur la qualité du français parlé par les Acadiennes et les Acadiens de Moncton.
Parler comme du monde montre clairement que la langue est un lieu de luttes de pouvoir, de hiérarchisations, et de processus d’inclusion et d’exclusion. Il illustre aussi les stratégies d’émancipation mises en place pour assumer – et surtout célébrer – la diversité linguistique.
Toutes les fois que je rencontre des personnes qui ne sont pas de la région, on me demande d’où je viens.
Moncton.
Non, je veux dire, votre lieu d’origine.
Oui, Moncton.
Pause. Vous ne parlez pas comme quelqu’un de la place.