« — Qui êtes-vous vraiment, Manuela ? Ce n’est pas bien de s’amuser ainsi. Se déguiser en femme. Porter une fausse accusation. Je pourrais vous arrêter pour méfait public. On ne dérange pas la police pour des niaiseries de ce genre… Allez-vous-en !
Manon voulut répliquer. Mais les mots s’éteignaient dans sa bouche. Elle se ressaisit et quitta la salle des homicides, humiliée et blessée. L’officier à l’accueil ne put retenir un rire gras quand il la vit quitter le poste de police.
Dehors, le soleil offrait une chaleur réconfortante. Manon se laissa prendre par les doux rayons lumineux. Elle se dit que l’inspecteur Van Aken avait peut-être raison. Ce n’était qu’une niaiserie, une fabulation. Mais dans sa tête défilaient les visages de toutes les personnes qu’elle avait connues, rencontrées. Elle revoyait sa vie. Son corps tremblait. Elle avait peur.
Hantée par le sentiment persistant d’avoir tué quelqu’un, avant, dans son autre vie, Manon quitte Las Vegas à la recherche de la vérité. Si, dans un premier temps, ses retrouvailles avec des amis de jeunesse lui permettent de remonter le fil du passé, bientôt, sa quête vient brouiller l’identité qu’elle s’est façonnée au loin. C’est que Manon, avant, était Gerry.
Fuyant toujours plus au nord, elle revient à Timmins – sa ville natale, où convergent tous ses fantômes – à la recherche de la réponse à cette question qui la taraude.
Roman à la frontière de la quête et de l’enquête, Montjoie construit en pointillé un récit polyphonique où se dérobent toutes les certitudes.