Désâmé, c’est du Desbiens typique et classique. Un lecteur familier y retrouvera des effets vus ailleurs, assonances, comparaisons, constructions syntaxiques en parallèle, mots fétiches même.
L’originalité de ce recueil réside dans la nuance nouvelle des thèmes et images obsédants. Une originalité troublante de vérité. Mine de rien, parmi d’autres thèmes, celui de la mort qui s’y profile, et la sienne entrevue de bien plus près qu’avant. À ce thème s’allie, un peu plus appuyée, sa pratique de la poésie : rapports entre le poète et la poésie, entre le poème et la gangue de vie dont il s’extrait.
«Ce titre, "désâmé", indique en tous cas assez clairement que l’expérience de désenchantement et de désœuvrement (de déréliction ?) qui suscite le poème touche aux fibres de l’être. Peut-être davantage, ici, que dans ses précédents opus, cette expérience en est une d’écriture, Desbiens élaborant dans la première partie de son livre, judicieusement intitulée «Italiques», un art poétique aussi humble que malicieux, aussi désarmé que désarmant :
Extrait :
«J’écris à la main
j’écris sur du pain
sans savoir
de quelle encre
le beurrer.
Je ne sais pas
de quel poème
vient le poème (7).»
Voix et Images
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