Je me suis retourné, je t'ai vu, seul, sous le lampadaire, et j'ai perçu pour la première fois ce sourire narquois qui naissait aux commissures de tes lèvres.
Je t'ai vu fondre dans mes bras. Je me suis perdu en toi, j'ai entendu mon vieux lit pleurer, j'ai senti mon âme voyager le long de mes bras, descendre dans mes jambes, j'ai tenté de retenir encore pour un dernier moment mon âme qui me quittait pour ta chaleur.
Même mes souvenirs n'ont plus de chaleur à me donner dans la grande froidure de l'abstinence. Je vous ai survécu mais il demeure que c'est aujourd'hui moi qui dors seul tandis que vous êtes des milliers et même des millions dans la fosse commune des sidatiques d'Amérique.