Les mots dressés par l’Académie sont de piètres montures pour traverser l’Odyssée. Mayday est un poème en cavale, forgé à vif sur l’enclume de la langue. Sa complainte est une célébration de l’âme humaine qui, dévastée et trempée jusqu’aux os, sait encore tenir tête à la vie.
Dyane Léger a bâti une œuvre marquée par la révolte. Résolument féministe, son récit poétique met en mots l’impossible conciliation que confrontent les mères artistes. Écologiste, il montre aussi l’ampleur de la violence faite à la planète et aux gens qui tentent de la protéger. Polyphonique, il navigue avec brio entre divers registres de français – le chiac, le français acadien plus traditionnel, l’ancien français – et différentes langues – l’anglais, surtout, mais aussi la langue mi’gmaw, l’irlandais, l’espagnol, l’italien et le danois.
Dans la vieille cuisine, hier au soir,
en regardant le petit jouer avec ses blocs de bois,
elle s’était ervirée de bord, avait dit avec grand sérieux :
J’aimerais ça faire une poésie homemade.
Une poésie qui goûterait sucré comme les petites fraises des bois,
qui serait haigre et pas mangeable comme la rhubarbe varte.
J’aimerais ça me bâtir un livre avec des mots sauvés des ous,
une langue sortie d’un œu. Une écriture pas sortable
qui montrerait au monde que dans notre bäckyard,
la Voie lactée n’a pas encore levé les pattes
et que dans nos yeux, la lune se lève tout l’temps
en hurlant avec les loups.