Au Canada, les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à être tuées par leur partenaire intime. Ce fait, combiné à une théorie usuelle qui aborde ce type de meurtre comme un acte rationnel – l’homme tue dans le but de contrôler, la femme pour se protéger – tend à essentialiser les sexes.
La recherche ici présentée donne une lecture différente du phénomène. Elle repose sur un échantillon de meurtres du conjoint – 120 au total, perpétrés par autant d’hommes que de femmes –, et deux ensembles de données : les décisions de la Commission des libérations conditionnelles du Canada et les transcriptions des audiences devant la Commission. En examinant les circonstances des homicides, l’histoire des meurtriers et l’évolution du crime dans le système judiciaire, elle révèle que l’explication de ces actes ne peut être fondée sur la base de la masculinité ou de la féminité.
Le meurtre du partenaire intime démontre que chaque homicide survient dans une relation particulière tout en présentant des facteurs récurrents ; et qu’il se situe entre le prévisible et l’imprévisible, la conscience et l’inconscience, du geste posé. À ce titre, l’approche relationnelle que proposent les chercheurs a pour avantage d’aborder l’humain dans la complexité de ses dimensions rationnelles et émotives et devient un outil pour mieux comprendre le maricide et l’uxoricide, voire les dynamiques propres à chaque sexe.