« Le mythe faustien, c'est un peu lourd à porter » : c'est par ces mots qu'au début de Faust un des personnages fait écho au sous-titre de la pièce, chroniques de la démesure. C'était mal connaître le pouvoir d'un mythe dont Richard J. Léger, dégagé des contraintes Studieuses du verbe, qu'il soit relecture ou adaptation, actualise l'éternelle jeunesse. En donnant à voir le passage à l'acte d'un dramaturge qui se libère peu à peu du texte de Goethe pour relever pleinement le défi de la représentation théâtrale, qui accepte non seulement de jouer le rôle du personnage principal mais aussi d'en assumer un délire scientifique au cœur des débats contemporains sur le clonage et la biogénétique, la pièce s'inscrit dans la droite ligne d'un mythe qui est avant tout une exaltation de l'action. Lourd hasardeuse et moderne transposition, sans doute ; mais pour qui voudrait, comme spectateur ou lecteur, le partager... quel contrat !
Dominique Lafon