L’extrême frontière, publié initialement en 1988, regroupe des textes de plusieurs époques, répartis en sept sections. Les textes les plus anciens datent de 1972, bien avant la publication de son premier recueil en 1981.
Ce recueil – parmi les plus importants de Gérald Leblanc –, est marqué par un travail poétique en mouvement, chacune des sections marquant un approfondissement de la matière première, la langue et ses rythmiques. Le recueil contient les textes des chansons bien connues que Leblanc a écrites au cours des années 1980 pour le groupe 1755.
En parallèle au travail sur la matière poétique, L’extrême frontière rassemble les bribes de ce qui pourrait constituer une autobiographie ou un roman de formation. S’établit ici un rapprochement avec Moncton mantra, seul roman du poète, qui raconte sa difficile venue à l’écriture dans le bouillonnement culturel du Moncton des années 1970 et 1980.
La poésie, ici, se manifeste comme pratique vitale et politique.
DANS LES MÉDIAS
Le poète s’attaque à son identité ethnique, à l’affirmation de sa culture et à son lieu de vie/son pays. De l’indifférencié, il tente de passer au différencié. Mais, la démarche est complexe : comment définir le pays de nulle part, comment fixer l’insaisissable ? Comment cartographier ce pays? Mais où mènent toutes ces rues qu’il nomme depuis ses premiers textes? Il est arrivé à « l’extrême frontière » de sa connaissance. De l’autre côté, l’inexploré.
– David Lonergan, Nuit blanche, no 140.
Multipiste cette fois, comme le suggère le titre d’une des parties de ce recueil si foisonnant que rien ne saurait le résumer. Le poète parle et témoigne, dévie et trace la voie, parsème des noms et des amitiés, des lieux et des tensions. Source inaugurale et augurale tout ensemble, ce paysage poétique rend à la trajectoire de Leblanc sa dimension « extrême », justement.
– Hugues Corriveau, Le Devoir.
Ce que je retiens de cette compilation nécessaire, c’est d’abord une urgence de se réaliser à travers « une volonté de prolongement / que l’écriture matérialise » (p. 141), par une prise de parole dont les imperfections fondent l’authenticité.
– Sébastien Dulude, Lettres québécoises, no 162.