Dans Moncton mantra, Gérald Leblanc raconte la venue à l’écriture du personnage écrivain, son double, Alain Gautreau. Entre l’automne 1971 et la parution 10 ans plus tard de son premier livre, Alain Gautreau évolue parmi les personnages de la scène artistique et intellectuelle de Moncton, à l’époque même qui a vu naître la première maison d’édition acadienne et le Parti acadien. Son roman, qu’il commence l’année de son entrée à l’université, devient «une sorte de mantra, une présence constante, un compagnon de route» au fil de ses lectures, ses rencontres, ses expériences avec les drogues, ses entretiens sur la littérature.
Moncton mantra rend hommage à toute une génération de créateurs à l’époque de la renaissance acadienne. Plusieurs des artisans littéraires mis en scène sont parmi les plus connus aujourd’hui. Gérald Leblanc y relate leurs démarches pour faire de Moncton une capitale littéraire, pour supplanter l’image folklorique longtemps associée à leur culture. Un projet qui réussira malgré l’hostilité d’un milieu qui résiste à l’affirmation d’une nouvelle conscience urbaine et moderne dans l’imaginaire.
Ce roman de la route, comme le qualifie le préfacier Herménégilde Chiasson, rappelle celui de Jack Kerouac, On the Road, «l’un des textes-phares de la littérature américaine». Il trace un parcours tant personnel que collectif de 26 ans qui coïncide avec celui de la littérature acadienne.